« Ce n’est pas ça, d’habituer un gamin à bien dormir. Ce n’est pas de lui dire : démerde-toi... » - Alexandre Astier, père de sept enfants.
- Ilona Smadja

- 21 oct.
- 2 min de lecture
On nous a appris à nous protéger, à nous durcir, à garder nos distances, comme si la douceur était devenue une faiblesse. Mais c’est peut-être justement là que commence la vraie force : dans la capacité de voir la peur de l’autre, sa fragilité, et de ne pas la rejeter.
Après avoir écouté Alexandre Astier dans l’émission Konbini, je me suis dit qu'il y a peu de monde — ou peut-être seulement dans mon entourage — qui a ce genre de réflexion et d’attitude à l'égard des enfants. Je me demande parfois si ce n’est pas notre sens de la tendresse qui s’est perdu quelque part...
Lisez, vous me direz…

Alexandre Astier - Je lui disais : « Couche-toi, couche-toi — tu vois bien que les autres dorment, il ne va rien se passer. » Je reste là, je suis assis.Il dit : « Je veux les genoux ». J’ai dit : « Mais… »
Et il y avait les ATSEM qui passaient dans le truc et qui disaient : « Faut pas les prendre, faut pas les prendre sur les genoux », comme si c’était…
Et au bout d’un moment, je me suis dit : bah merde, merde en fait… il ne faut pas les prendre parce que c’est interdit, parce qu’après quoi ? Ça leur donne l’habitude qu’on s’occupe un petit peu d’eux, alors du coup, quand ça ne sera plus moi, et si le prochain ne le fait pas, il ne dormira plus?
Donc je le prenais un peu. Je dis : « Ça va, ça va aller », tac, sucette. Je voyais ses yeux qui faisaient comme ça. Je le foutais dans son lit ; d’un coup, il avait un petit sursaut, tu sais, comme pour dire : « Tu t’en vas ? Tu t’en vas ? » Je disais : « Non, non, non, je reste là ». Je m’asseyais au bout de son lit, j’attendais un peu et il finissait par roupiller.
Et il m’a touché, ce gamin, parce que je me suis dit : quel est l’intérêt, s’il a des chtons de dormir, quel est l’intérêt de l’ignorer ? Qu’est-ce que ça va amener à moi ? Qu’est-ce que ça va amener à lui ? On est en train, quoi, de le durcir là, de l’habituer à quoi par un non ? Ça veut dire en fait,
qu'il dormira d’autant mieux plus tard, qu’on a répondu à sa trouille maintenant. Ce n’est pas ça, d’habituer un gamin à bien dormir. Ce n’est pas de lui dire : démerde-toi. Ou alors, on apprend les gamins à nager en les foutant dans l’eau...
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